Extrait de Cahier d'Ubiquité - Tome 1 - (Expérience Chaos) - Editions Hermaphrodite - 2003

" Je crois qu’une vie humaine se doit d’être un poème que l’on écrit sans cesse en compagnie du monde. Penser en libertaire et agir en libertin contribue il me semble à écrire ce poème. Ainsi faut-il ouvrir les choses et danser gracieusement, avec tendresse, pareil au funambule, avec nos désirs puissants, nos inclinations bienveillantes, nos intensités souriantes – avec tout ce que nous recelons d’amour et de bonté. Car la force et la beauté du monde parlent en nous, en nos corps, sous ces formes. Les yeux se cherchent, les yeux se trouvent et se répondent, le désir naît, l’amour jaillit et avec lui, toute la splendeur du monde.
Toutes les conceptions actuelles de l’amour, du couple et de la sexualité sont essentiellement des négations de la beauté, du monde et de la vie. Il nous faut nous élever, par un libertinage élégant, sensible et chevaleresque, au-dessus de l’ascèse et de la débauche, par-delà le vice et la vertu. Il nous faut, de la manière la plus affirmative, cesser de nier la vie pour commencer, chaque jour, à l’élever et à la célébrer. Comme un jeu entre enfants, sans morale, innocents. Mais un jeu dont l’enjeu est de la plus grande importance : porter en soi la vie ou attendre la mort.
Enfin tout est possible avec sérénité et les contradictions s’abolissent. Les badinages les plus fripons sont tout à fait permis. Il ne viendrait même plus à l’idée de quiconque de vouloir les proscrire. Les galipettes et les échanges les plus excentriques, les amours les plus fortes, les liaisons les plus longues ou les plus éphémères ne participent plus, ni de l’idéalisme, ni de la décadence. C’est seulement une danse. Joyeuse et élégante. Celle des derniers humains qui célèbrent la vie et accroissent chaque jour, maintenant et ici, chez eux comme chez les autres, la quantité d’amour contenue dans le monde "
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